Chapoutier dévoile le millésime 2019 des meilleurs élèves sommeliers [AFP]

Le bouillonnant vigneron Michel Chapoutier était passablement aviné, de son propre aveu, la nuit où lui vint l’idée de lancer un concours du meilleur élève sommelier. Mais pour les finalistes cette semaine, mieux valait ne pas avoir un coup dans le nez.

« Est-ce que je pourrais avoir un crachoir s’il vous plaît ? »: la lauréate de la 27e édition, organisée jeudi et vendredi par la maison Chapoutier dans son fief de Tain l’Hermitage (Drôme), ne s’y est pas trompée en abordant l’ultime épreuve: déguster à l’aveugle deux vins – un rouge et un blanc -, une eau-de-vie et une liqueur.

Chloé Laroche, 21 ans, élève en mention complémentaire sommellerie du lycée des métiers de l’hôtellerie-restauration à Chamalières (Puy-de-Dôme), est la 11e fille à remporter le concours depuis sa création en 1993, et la 7e sur la dernière décennie, signe de la féminisation croissante d’une profession longtemps masculine.

Pour s’imposer vendredi, la candidate s’est aussi livrée à un exercice de décantation, chandelle allumée sous la bouteille pour éviter que les dépôts finissent dans la carafe, précédé d’un accord mets-vins à concocter devant un jury attablé, le tout en 30 minutes chrono. La veille, un questionnaire de 26 pages avait départagé, à l’écrit, les 34 candidats de la demi-finale sur leurs connaissances – encyclopédiques – sur le monde du vin.

Michel Chapoutier, pour qui un bon sommelier doit avant tout « aimer la bringue et la déconne » comme lui, se défend de récompenser des « bêtes à concours ». Mais pour citer au débotté, par exemple, les 3 IGP qu’un vigneron de Maury (Pyrénées-Orientales) peut revendiquer (question numéro 12), le bachotage semble de mise.

« C’est un travail de longue haleine mais accessible à toute personne, il faut avoir la passion plus que des prédispositions », assure Hugo Dussus, 26 ans, candidat du centre de formation et d’apprentissage de Dardilly, près de Lyon. […]

Il en existe environ 2.000 en France, dont 1.300 sont membres de l’Union de la sommellerie de France (UDSF), selon son secrétaire général, Fabrice Sommier. Organisateur de concours lui aussi, il voit dans celui de la maison Chapoutier – et du groupe de distribution Metro – « une antichambre où l’on voit émerger de vrais talents ». Avec le risque, parfois, de « prendre le melon ». […]

Le parrain de cette 27e édition, Jean-Baptiste Klein, chef-sommelier – et Meilleur ouvrier de France – d’un restaurant deux étoiles en Alsace, a vite appris à rester humble après sa 4e place au concours Chapoutier en 2007, en allant déboucher ses premiers flacons de prestige dans un établissement luxueux de Courchevel.

Un jour qu’il servait un Hermitage parcellaire et un grand cru de Bourgogne à des clients russes, le stress lui fit mélanger les tables et le vin blanc dans les verres… sous leurs yeux moqueurs. « J’aurais voulu me faire tout petit sous la moquette », se souvient-il encore.

Source : https://www.afp.com/fr/infos/334/chapoutier-devoile-le-millesime-2019-des-meilleurs-eleves-sommeliers-doc-1gw0iu2